El "Matièrage"
Le Matièrage: mariage entre la matière et le collage.
- L’utilisation de la matière comme élément extérieur et comme innovation dans la pratique conventionnelle de la peinture, nous permet de structurer et d’articuler la surface lumineuse. En jouant avec le mouvement réel de la lumière, elle crée une dimension nouvelle et apporte des niveaux symboliques au concept de la plastique et à la création de l’espace.
- Le collage nous introduit dans une nouvelle réalité et ajoute à la plastique une particularité singulière. Dû au fait qu’il est plus sensoriel, il nous permet d’apporter des valeurs suggestives à la couleur et à la matière. On ne l’utilise pas habituellement pour représenter les objets mais comme biais de sa représentation symbolique.
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On utilise des éléments qui appartiennent à des catégories visuelles, voire mentales, tout à fait différentes qui paradoxalement, par le savoir faire de l’artiste, peuvent contribuer à un résultat conventionnel, solide et compact et de plus, cohérent.
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Simultanément avec la peinture et la matière, on incorpore des pages de journaux et des affiches publicitaires que l’on peut manipuler pour maintenir quelques éléments fondamentaux dans la composition. Parfois certaines couleurs du papier sont conservées pour les utiliser comme couleur de base et même comme couleur définitive. C’est ce que l’on pourrait appeler une base de pigmentation. C’est la même chose pour les textes qui y sont introduits. Ces textes servent d’éléments pour faire passer des messages et des "petits secrets" que l’artiste introduit dans ses tableaux et qui établissent de cette manière un langage fétichiste et de signes. Le papier finit par s’intégrer car il est couvert en partie par la peinture et la matière colorée.
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En utilisant des affiches publicitaires comme information manipulée qui enferment des fragments graphiques de la consommation, on donne à cette "provocation confuse" une valeur psychologique des objets usuels. On s’en sert comme d’un miroir intérieur de ces dits objets et ce n’est en fait qu’une appropriation du réel. C’est un appel à l’essence des choses. L’artiste prétend transmettre le caractère symbolique des problèmes quotidiens en essayant de faire en sorte que le regard du spectateur se concentre sur les éléments les plus reconnaissables, en le surprenant par l’impact de la matière.
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Le processus intellectuel de connaissance de l’œuvre surgit comme résultat de l’audace visuelle provoquée par l’implantation artisanale de différents éléments qui ne font plus qu’un. L’équilibre entre la couleur, l’espace et la matière donne au tableau son sens réel.
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L’inspiration surgit des objets variés de la littérature et de la vie quotidienne que par son pouvoir d’association, l’artiste filtre sur le tableau. Malgré la diversité des sujets, c’est un unique tableau qui se transforme selon l’inspiration que transmet la constante manipulation du collage et de la matière.
Son intérêt réside dans la suppression de toute attitude unilatérale, en assemblant et en utilisant les éléments d’une façon volontairement imprévue, aussi bien superposable qu’interchangeable et donnant accès plastiquement à l’irrationnel tout en servant de base ou de "lit" pour la réalisation définitive.
C’est ce que l’artiste appelle "le syndrome de l’iceberg": à l’extérieur, la masse qui émerge montre une partie très petite de ce qui reste caché dans l’intérieur. Non seulement sous la matière d’un tableau il y a plusieurs tableaux ou essais de tableaux peints avec des objets et des éléments cachés, mais un tableau achevé en implique d’autres. Ceci en arrive parfois à être imperceptible car lors de la création, en éliminant une partie de la matière et en la remplaçant par de nouveaux éléments, le résultat pourrait paraître la conséquence d’un processus direct.
Le "Matièrage" donne une solution à "l’obsession de la peur du vide sur le tableau".
Par l’expérience et par son résultat, l’application de divers matériaux pour une but commun, est acceptée et assumée aujourd’hui et on l’emploie avec la même liberté que l’on utilise les techniques conventionnelles de la peinture. En définitive, le "Matièrage" est un moyen et non une fin en soi.