Dossier de prensa
Críticas recopiladas sobre el trabajo de Gregorio Rodilla
La réalité transformée de G. Rodilla
Les compositions peu orthodoxes de Grégorio Rodilla frappent tout d’abord par l’aspect non conventionnel de la présentation des plans qui les structurent. Il faut dire aussi que l’artiste recherche plutôt la face caché des choses, à moins qu’il ne fasse le chantre d’une réalité transformé à sa manière. Tout-jours est-il qu’il n’est jamais évident savoir où on se situe, ce qui est à droite, à gauche, ou bien en haut ou bien en bas.Les surfaces sont faites de reflets qui accentuent des directions parfaitement improbables, ce qui contribue encore à dérouter le regardeur. Et les quelques signes ou objets déformés qui apparaissent ça et là dans cet étrange dédale sont loin d’apporter une quelconque rationalité à la règle du jeu.
Il s’agit là d’une peinture difficile d’accès, mais qui peut plaire si on en trouve les clés pour percer son mystère.
N.T.L. Ouest France. (Nantes, 27/10/2008)
Gregorio Rodilla est un peintre figuratif. Peintre figuratif d’une figuration étrange, d’images bouleversées, vaporeuses, sinueuses et tristes; de tristes mélancolies assombries par le temps, par un temps lointain, très lointain, plus lointain que celui que l’on suppose avoir été vécu, au moins consciemment vécu.
Toi, tu n’es pas maraîcher, lui dis-je à un certain moment. "Oui mais les fruits je les utilise comme références pour mes toiles". L’œuvre de mon ami Gregorio évoque les fruits, les primeurs, les végétaux et elle se transforme en une nature morte qui se veut vivante, mobile, inquiète. C’est la raison pour laquelle sa peinture s’entend expressive ou expressionniste, avec des allusions à Bacon, Clifford Still ou à Jean Fautrier et Dubuffet… pour ce qui est de la matière.
L’œuvre de Gregorio Rodilla est enveloppée d’un halo de fantaisie mystérieuse. Ses images sont submergées dans le secret d’un espace infini où il dépeint clairement dans son iconographie la lutte des contraires.
Abstraction-figuration-vitalité et léthargie mélancolique s’opposent, non seulement en s’exposant, en se dévoilant mais aussi en luttant antagoniquement. Son œuvre nous offre la lutte interne entre le désespoir pour la vie et l’idée de la mort. Non pas la lutte pour la vie, mais la lutte désespérée pour la vie face à l’aliénation et la nécrose de la mort.
J. M. Garayo
(Madrid, 03-08-2006)
Gregorio Rodilla
“La complexe simplicité des choses”
J’ai connu Gregorio Rodilla lors de son exposition au Centre d’Art Contemporain Bouvet-Ladubay. Notre entretien a été fluide et chaleureux. Son français, au léger accent d’homme du Sud, a rendu notre relation plus communicative.
Au fur et à mesure que je visitais les salles de l’exposition, j’essayais de voir la relation entre l´artiste, un homme au contact simple et direct et son œuvre complexe et mystérieuse.
Ses tableaux, la plupart de grand format, étaient des paysages, des natures mortes, des hommages à la musique (à voir, le magnifique petit tableau sur Vivaldi)... Comme il me l’expliquerait plus tard, "tout au long de notre vie, le côté caché des choses est toujours présent, le vrai et son contraire, le réel et l’imaginaire qui est aussi réel. La simplicité des choses est toujours complexe". J’ai perçu ce qu´il voulait transmettre: le mystère caché et complexe du quotidien.
Ainsi explique-t-on la raison des coupures et des différents plans dans la composition de ses tableaux. Le mystère du caché fonctionne à partir de ce jeu de miroirs (ils transforment la réalité sans la déformer) que l’artiste utilise comme recours tout au long du développement de son œuvre.
Rien n’est gratuit. L'emploi du collage et des différents supports permettent à l’artiste de se libérer dans la recherche de ce qu’il appelle "la sérénité dans la création" qui n’est rien d’autre que l’utilisation des moyens pour concrétiser la réalisation d’un objectif: la vision subjective de notre quotidien. On peut le comprendre en voyant comment il utilise le collage. Son œuvre part de là, du Collage: il l’utilise comme simple support, comme "pigment" en manipulant la couleur déjà préétablie, ou tout simplement dans son concept le plus classique: le papier collé comme élément de référence dans lequel le spectateur peut diriger son regard.
Mais le collage chez Gregorio Rodilla se complique plus encore en se mélangeant à d’autres matériaux et à différentes couches de peinture afin de donner à son oeuvre cette qualité qui transmet inquiétude et mystère.
Gregorio Rodilla m’a expliqué qu´il aime travailler sur bois. Etant donné que c’est un matériel rigide, il peut "manipuler" les matériaux avec plus de liberté. Il considère que la toile est plus fragile et qu’elle est plus légère: la manipulation est donc moins spontanée. Dans le fond, il se considère un artisan qui travaille avec des matériaux et des couleurs et dont l’un des grands plaisirs est cette manipulation artisanale.
Au printemps dernier, j’ai visité pour la dernière fois son atelier d’Anjou. Nous avons parlé de son travail, mais surtout d’une chose qui le passionne plus encore que la peinture : la littérature. Il est toujours agréable d’échanger des découvertes littéraires; et c’est ce que nous avons fait: échanger des renseignements à propos des dernières nouveautés.
Lorsque je suis parti, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ses derniers tableaux. Son œuvre était devenue plastiquement plus complexe, mais il avait éliminé des éléments qui pouvaient perturber son objectif : la vision du caché. Je crois que le chemin était tracé.
Max A. Giffrez (Paris, 2003)Rodilla expose chez Bouvet-Ladubay
Il aime les jeux de miroir qui lui permettent de représenter le réel et la chose imaginée, le matériel et l´immatériel, le dit et le non-dit.
Le peintre espagnol Gregorio Rodilla, qui partage sa vie et son travail entre son atelier de Barcelone et sa maison d´Anjou, expose une trentaine d´œuvres (essentiellement des grands formats) au Centre d´art Contemporain Bouvet-Ladubay.
L´artiste a choisi, depuis toujours, de suivre un chemin très personnel dans la représentation de ses sujets de d´inspiration: il présente sur une même toile la face cachée de la réalité peinte, invitant en quelques sorte le spectateur à prolonger son travail par l´imaginaire. Avec cette exposition d´importance, Gregorio Rodilla trouve le juste récompense d´un long et lent travail de maturation.
La Nouvelle République (08/10/2001)
Gregorio Rodilla ou l'art de la perception et du non-dit
Le Centre d´Art Contemporain Bouvet-Ladubay organise la première grande exposition en Maine et Loire de Gregorio Rodilla.
Le vrai sans son contraire
La démarche de l´artiste est basée sur la représentation de la vérité et de son mystère qui ne doit pas être perçu ici comme le mensonge, Rodilla insiste. C´est le yin et yang "mais pas le blanc et le noir", poursuit l´artiste. Il présente la réalité qu´il perçoit et lui oppose une vision déformée comme par un miroir, une face cachée car il y a toujours quelque chose derrière! Le spectateur est invité à entrer dans son tableau et à percevoir cette partie occulte.
La ligne toujours présente
Techniquement, Gregorio Rodilla aime manier la matière qu´il pose en couches superposées. Le collage est systématiquement présent, caché sous l´apport de matières ou, au contraire, très en avant, vecteur du regard, dans une manipulation des couleurs des papiers. Le vert toujours teinté d´une pointe d´orangé et les couleurs de la terre ont ses préférences dans le nuancier. La ligne, souvent verticale, est une constante dans ses œuvres. Synonyme de frontière entre le visible et l´imaginé, le vrai et sa version déformée.
C´est toujours dans ce même cheminement qu´il travaille depuis les années soixante-dix. S´il crée "Paysage extérieur", il se doit de lui renvoyer son contraire dans "Intérieur d´un paysage". Le miroir est son jeu.
Aujourd´hui, il épure encore plus la toile. Son "Arbre de Cléré" en est une significative représentation. Le minimalisme s´installe et même les collages ont perdu leurs écrits. Ne rien apporter de trop qui puisse polluer la lecture proprement dite de l´œuvre. Aller à l´essentiel et, d´une manière assez froide, laisser le spectateur appréhender le travail et se questionner.
Bruno Jeoffroy (05/10/2001)
Rodilla ou le mystères du quotidien
Gregorio Rodilla se définit comme un "manipulateur qu´aime mélanger les matériaux et les supports".
Impossible d´être plus Castillan que Gregorio Rodilla, peintre espagnol né à Salamanque. Il vit depuis longtemps à Barcelone, dans cette Catalogne qui a vu fleurir quelques-uns des plus grands peintres de la péninsule ibérique. Il a vécu aussi pendant quelques années à Paris, pour se nourrir d´influences françaises. D´ailleurs, poussant cette vertu à l´extrême, il s´est dégotté un pied-à-terre en Anjou où il vit et travaille une partie de l´année.
L´artiste au style très libre décrit son monde intérieur, ses émotions de vivant, en créant des toiles très personnelles. D´autant plus personnelles que Rodilla mélange les supports à sa guise: le papier (de préférence des bouts d´affiche) et le tissu avec l´huile, sa technique habituelle: "je suis un manipulateur, j´aime mélanger les matériaux et les supports".
Rodilla peint le quotidien, la vie, ses passions aussi: le théâtre, les natures mortes, la musique de Vivaldi ou de Brahms ; tout est un prétexte à s`émerveiller. Et il est des choses qu´il ne cherche pas à comprendre: "J´utilise pour mes collages des affiches écrites dans des langues que je ne connais pas. Cela permet à l´esprit de s´évader. Je suis intéressé par une chose et par sa face cachée, j´aime les miroirs, les espaces mystérieux". Ses toiles présentent cette dualité : le dit et le non-dit, le clair et l obscur, l´ordonné et le diffus : "Tout objet, toute personne a toujours une face cachée. Je l'utilise à chaque fois. Et je sépare ces deux mondes par une ligne, un espace, une coupure".
Ses tableaux donnent une impression de chaleur. Rien de cette froideur minimale (exception pour un tableau, peut-être) qui est l'apanage, voire le flambeau, de certains créateurs contemporains
B.Gilet (03/10/2001)
Gregorio Rodilla entre Barcelone et l'Anjou
Il a installé ses pinceaux à Saint-Georges-sur-Layon, tout en continuant à créer avec passion à Barcelone. Rodilla est le plus angevin des peintres espagnols. Mais espagnol d´abord...
Comment être architecte à Barcelone, la superbe ville catalane à jamais marquée par l´empreinte de l´anticonformiste et généreux Gaudi? Peut-être qu´à 18 ou 20 ans, Gregorio Rodilla, après une longue immersion dans le milieu universitaire de Salamanque, sa ville natale, ne se posait pas la question. Il fit donc des études d´architecture, une discipline qu´il finit même par enseigner.
Mais c´est la passion, la fougueuse passion de la peinture-terme générique aux contours trop flous- qui tenait Gregorio Rodilla, émotionnellement touché par le cubisme de Picasso et par la technique en liberté de Velázquez. Révélation?
Si les grands peintres espagnols ont creusé quelques sillons prometteurs dans le cheminement de Gregorio Rodilla, ils n´ont en rien rogné sur la part de création pure de ce Castillan, toujours inspiré par sa propre vision de la transfiguration du réel en art.
La question d´une quelconque adhésion à une "école de peinture", ou même d´une référence appuyée à un "maître", paraît si étrange aux yeux de l´artiste fier de son indépendence totale, qu´elle finirait par être saugrenue. Farouche liberté de création qui s´accompagne, dans le cas présent , d´une modestie même pas feinte: l´artiste de Salamanque, Barcelonais et Angevin d´adoption, se reconnaît juste quelques dons pour les travaux "manuels"!
Peinture et courant littéraireMais qu´on ne s´y trompe pas. Qu´il soit dans son atelier de Barcelone, au cœur de la ville bruissante, ou dans son refuge français, Gregorio Rodilla accomplit, depuis vingt-cinq ans, jour après jour, un travail de parturition semblable à celui de l´écrivain devant la page blanche. Un parcours jalonné de lentes évolutions qui l´ont fait passer du statut de "peintre de l´intérieur" à celui de "peintre de l´extérieur".
On pourra toujours voir, dans la majorité des œuvres de Rodilla, cette âme espagnole immémoriale, sombre, un rien torturée, dont le philosophe et poète Miguel de Unamuno a pu passer pour le parangon ailé, et dans lequel les générations sacrifiées du franquisme ont pu se reconnaître ! Mais au sentiment tragique de la vie développé par Unamuno, Rodilla oppose aussi dans ces œuvres le jaillissement de la vie. Il y a toujours dans les « intérieurs » comme dans les « extérieurs » du peintre, une gerbe de traits aux couleurs vives qui offre en quelques sorte une lecture plus optimiste du Don Quijote mythique de Cervantès.
Il est vrai aussi que Gregorio Rodilla est de sa génération. Pétri de culture espagnole et française, il a pris une voie parallèle à celle du mouvement littéraire actuel de son pays, mouvement qui voit éclore de nombreux jeunes talents reconnus en Espagne.
Malgré qu'il ait déjà exposé dans plusieurs galeries parisiennes, à Nice ou en Belgique, après Madrid ou Barcelone, Rodilla reste toutefois discret, en quête de la seule "sérénité" pour travailler passionnément.
Reste à savoir si quelque amateur d´art angevin osera un jour pousser le portail blanc de son atelier pour donner à voir ce regard singulier qu´un Catalan pose depuis vingt-cinq ans sur les autres, sans jamais rien renier de ce qu´il est.
Alain Mariez (Aôut, 1995)
Les paysages mystérieux de Gregorio Rodilla
Quand il passe par les pinceaux de Gregorio Rodilla, l’intérieur d’un paysage se convertit en quelque-chose de mystérieux. Le peintre utilise dans ses créations une technique mixte à base de collage. Tous ses tableaux sont si troublants qu’ils ne laissent personne indifférent.
Même si les éléments qu’il utilise dans ses œuvres sont aussi universels que peut l’être un arbre, Rodilla les manipule pour les envelopper de mystère. Bien qu’ils ne prétendent pas livrer de message, ses paysages ne sont pas une copie fidèle de la réalité.
"Ce sont des études sur des paysages intérieurs et extérieurs. Dans tout paysage, il y a toujours une partie cachée, quelque chose de mystérieux. Peut-être est-ce ce que je veux transmettre; mon souhait est que le spectateur essaye de pénétrer dans l’œuvre", explique son auteur. Cependant, Gregorio Rodilla considère que ses œuvres sont relaxantes en même temps qu’inquiétantes.
Ses paysages ne traduisent pas fidèlement la réalité. "Il s’agit de mes propres recréations intérieures. Chaque œuvre est une véritable aventure. Parfois je pars d’une idée abstraite ou d’un simple croquis".
Bien qu’à l’heure de se mettre à peindre, le support ne soit pas forcément quelque chose de fondamental, la technique oui, l’est. "Il m’est égal de peindre sur papier, bois ou sur la toile, mais ce qui me plaît, c’est qu’il y ait de la matière". Dans tous ses tableaux il y a des compositions à base de collage. "J’utilise des affiches en papier ou d’autres supports imprimés que je mêle à ma propre peinture et je fais usage de leurs couleurs et textures que le mélange aux miennes".
Susana Asenjo (03/04/1992)
"Reflets paysagistiques" dans l’exposition de Gregorio Rodilla
Sous le titre "Etude sur un paysage", Gregorio Rodilla expose à la Galerie Varron sa dernière œuvre comme prolongement d’un travail présenté en 1989 avec l’utilisation du collage comme support et pigment auquel il rajoute de la matière dans quelques-uns de ses tableaux.
L’ objet principal de cette exposition est le paysage, avec une dominante claire du vert dans presque tous les tableaux, excepté dans "L’homme au pantalon bleu". "Cette dominante presque absolue de la couleur verte n’est pas influencée par le thème, mais surgit inconsciemment. J’utilise cette couleur avec des tonalités très douces, et en compensation je me sers des tons orangés, ocrés, et des jaunes" affirme Gregorio Rodilla.
Dans un espace irréel, l’artiste prend des éléments du paysage, comme les arbres, la végétation et l’atmosphère, dans une ambiance de mystère, résultat des éléments qui ne s’inscrivent pas dans une réalité concrète. "J’ai toujours utilisé le mystère et le caché comme axe central de l’œuvre, même lorsque je peins des sujets plus concrets comme les portraits".
Sensations
"Tous mes tableaux suivent une évolution de plans et d’espaces sans avoir à les définir en objets réels mais comme des sensations. Ce sont des reflets de paysages à l’intérieur du tableau même avec lesquels je réussis une forme de rupture qui unifie la pièce plastique" ajoute le peintre.
L’exposition est composée de 11 œuvres de grand format, comme prémisse fondamentale "pour développer le paysage" et où l’on observe la division de la toile qui attire profondément l’attention. Dans quelques cas, le peintre la sépare en deux parties distinctes, et dans d’autres c’est une ligne qui délimite les espaces dans lesquels il développe sa création.
José F. Merino (Avril, 1992)
"Le pouvoir du mystére dans le connu"
L’œuvre de Gregorio Rodilla transmet au spectateur un monde caché, mystérieux. Ses tableaux reflètent la face cachée des choses. Un objet, un détail ont une autre signification que celle du simple regard ; on peut trouver une nouvelle vision. Ses tableaux nous permettent d’entrevoir, d’imaginer, de transformer la réalité, en y cherchant le côté obscur, la face cachée, le regard mystérieux.
Avec des tonalités intimistes, chaudes, il aime les tons terre et les ocres, il nous transporte dans la découverte d’une nouvelle réalité. La toile transmet chaleur, proximité. Dans un tableau, un visage dans l’ombre se remplit d’intentions, d’attentes, de réalité mystérieuse. Le suspense d’une affiche ancienne, l’espoir d’une chevelure face à un miroir, la splendeur éteinte d’une ampoule abîmée, tout dans l’œuvre nous accroche, nous permet d’entrevoir l’éclat, d’entrer dans un autre halo. Pour donner plus d’emphase à ce qui est exposé, à l’intuition, au jeu secret des ombres et lumières, l’artiste emploie le collage, la composition de différentes formes, morceaux d’une réalité qu’un moment rassemble.
Gregorio Rodilla a commencé cette aventure picturale dans les années 70, après avoir fait des études d’architecture. Sa trajectoire artistique l’a amené à se déplacer de Madrid à Barcelone, où il commence à entrer en contact avec la France et c’est à ce moment-là qu’il décide d'aller vivre à Paris. Donc à cheval entre les deux pays, il crée son œuvre.
"Je peins chaque jour, bien que je ne puisse pas me fixer un horaire rigide. La création, le fait d’être autodidacte, de capter l’essence du mouvement de l’objet, de lui trouver chaque fois de la fraîcheur, de regarder avec des yeux nouveaux et de découvrir que tout n’est pas toujours vu d’avance; que ce n’est pas parce que l’on connaît par cœur un objet qu’il a perdu sa faculté de nous étonner, que nous ne pouvons pas lui trouver un sens nouveau. C’est dans tout cela que je trouve le matériau idéal pour travailler "
Gregorio Rodilla ne se limite pas seulement à la peinture. Quand on parle avec lui, on découvre sa fascination pour le cinéma, la photographie et la littérature. Il s’émerveille devant l’œuvre littéraire : la création de personnages, les situations, le pouvoir de séduction du lecteur intuitif, qui crée ses propres personnages, son propre espace, sa scénographie. Il se reconnaît grand lecteur, toujours accompagné d’un livre qui le soutient dans ses voyages ou pendant les nuits d’insomnie.
L’art comme approche totale de la réalité
"Le tableau, la toile, l’œuvre est vivante quand elle est posée et non exposée, quand elle est incorporée a la vie de quelqu’un, quand elle fait partie de sa vie et que s'initie le sentiment de propriété"
Ana. I. Maestro (Junio, 1989)
L’œuvre de Gregorio Rodilla revient à Salamanque
Aujourd’hui on inaugure dans la Galerie Varron une exposition de l’œuvre récente de Gregorio Rodilla. C’est déjà la deuxième fois qu’il expose dans cette galerie, quoiqu’il se soit déjà passé huit ans depuis la première exposition, temps suffisant pour nous permettre de juger de l’évolution de ce peintre.
Gregorio Rodilla est né à Salamanque. Il a fait des études d’architecture, profession qu’il n’a jamais exercée pour se consacrer entièrement à la peinture. Il a fixé sa résidence à Barcelone, et depuis 4 ans il vit à Paris.
Dans son œuvre récente, Rodilla utilise une technique mixte, fondamentalement le collage, à base de papier et de toile, auxquels il rajoute de l’huile et parfois du pastel, ce qui lui assure une texture épaisse, qui caractérise toute son œuvre.
Gregorio Rodilla exploite du collage toutes les possibilités que lui offre cette technique. Il l’utilise comme support, comme pigment, comme élément de texture et créateur d’espaces. Il considère que cet usage bien à lui du collage n’est pas gratuit, car il lui donne des possibilités plastiques qu’il ne réussirait pas à obtenir avec d’autres techniques. C’est la raison pour laquelle Gregorio Rodilla, qualifie son œuvre d' "atypique" et assure n’ être cloisonné dans aucune école concrète.
Ses peintures répondent à un concept créatif propre d’un autodidacte qui veut sortir de lui-même, éloigné de toutes tendances qui pourraient l’influencer. C’est pour cela que l’on peut voir en Rodilla un pur créateur dont la capacité se reflète dans une œuvre distincte de ce que l’on peut voir généralement partout.
Malgré les apparences, ses tableaux sont très élaborés. Il recherche en eux quelque chose de concret et ne laisse rien ni à l’improvisation ni au hasard. Il y parvient avec entêtement et ténacité. Il travaille son œuvre comme un artisan, avec un dévouement méticuleux, dans le but d’arriver à quelque chose de différent qui reflète des traits concrets de identification facile, grâce a un concept personnel plastique et à une forme particulière de comprendre l’art. Pour lui, la peinture est avant tout un risque et une aventure tout autant que pour ceux qui, comme Gregorio Rodilla, ne prétendent pas faire partie d’une école ni se ranger dans une quelconque tendance.
L’exposition qu’aujourd’hui inaugure Varron, où sont accrochés 19 toiles de technique mixte sur bois, une gamme homogène de travail consciencieux, est un reflet clair ce à quoi Gregorio Rodilla tend, de ce qu’il est et a réussi depuis sa dernière exposition il y a 8 ans déjà dans cette même Galerie.
J.A.G.
La Gaceta (26/05/1989)
Gregorio Rodilla expose à la Galerie Canem qui, comme ce qui caractérise cette Galerie, nous présente une œuvre qui diffère des courants que nous avons l’habitude de voir dans d´autres expositions. Pour cette occasion elle nous présente un jeune peintre de Salamanque qui réside à Barcelone et qui expose pour la première fois à Castellón.
Dans l’œuvre de Gregorio Rodilla nous voyons une préoccupation marquée et qui donne cohérence à l’œuvre, par les structures et la composition de plans. Là il joue avec les replis, les lumières, les espaces, chaque fois plus, en ordonnant les formes et les volumes, pour y suggérer une idée préconçue d’un art plein d’intériorités et de profondeurs.
Le travail de Rodilla, on ne peut pas l’ignorer, qu’il plaise ou non au grand public, si on ne veut pas tourner le dos à ce qui se passe en dehors de nos frontières. Il fait partie des courants de notre histoire contemporaine de la peinture.
Beatriz Guttmann (16/01/1979)
RODILLA élabore bien ses tableaux, les structure et compose avec rigueur, revient aux qualités de l’huile, en apprécie les valeurs plastiques. La vie de la lumière intérieure, celle qui vient du tableau même, comme dans les œuvres de nos meilleurs classiques, mais avec des motivations actuelles, est l’une de ses constantes. De même que sa hantise pour des plans bien définis, en suggérant des intérieurs et des profondeurs, des espaces dans lesquels il situe et ordonne les formes et les volumes de son art, rappellent parfois de lointaines motivations surréalistes.
Il est possible pour l’instant de trouver dans son œuvre des relations avec des tendances encore en vigueur de l’art de notre temps et qui ont été en hausse pendant les dernières décennies, des préoccupations ou les nostalgies d’un art exquis, structuré de manière épurée.
Nous ne doutons pas qu’il parviendra avec le temps à se définir tout en rejetant ce qui l’embarrasse. On peut déjà le remarquer dans quelques-uns de ses dessins et de ses toiles de cette exposition cohérente et en tout cas importante présentée dans la Galerie Canem, l’une des premières de cet auteur d'une telle amplitude et transcendance.
Gonzalo Puerto (Janvier, 1979)
La quiétude sereine dans l’œuvre de Gregorio Rodilla
Gregorio Rodilla est un jeune peintre qui fait son entrée dans ce monde complexe "de montrer ce qu’il fait" avec son répertoire d’œuvres d’une exécution sereine et ferme, avec des thèmes particuliers : objets, toiles, vêtements… formes en définitive qui suggèrent plus qu’elles ne représentent. Des figures suspendues, volatiles, submergées dans des intentions allégoriques.
La présentation, il la fait par la phrase de V. Van Gogh: "Nous ne saurons jamais dire ce qui nous renferme, ce qui nous entoure, ce qui paraît nous enterrer, mais nous ressentons, cependant, je ne sais quelles barrières, quelles grilles, quels murs". A travers ces mots se trouve une partie de la clef de l’œuvre de Gregorio Rodilla. Paysages coupés, détruits par l’espace ou l’objet que leur existence a laissé et qui gisent en occupant l’espace obligé. Réalités - presque toutes ont une mission, de couvrir - vides ou prostituées, avides de mouvement pour conquérir l’espace et le motif, pour manifester leur service et la réalité.
Les œuvres de Gregorio Rodilla- on l’a déjà dit- jouissent de quiétude, d’attente comme si le mouvement devait provenir des sensations qu’elles déclenchent par leur modification. Des sensations qui nous submergent dans son œuvre et qui nous font y participer activement.
En définitive, nous sommes devant un jeune peintre qui, maître du dessin., libéré des écoles et académies, sait parfaitement l’importance que comporte tout individualisme de même que les risques qu’il encourt.
Leonardo Alarcón (30-Nov-1975)